En septembre 1996, deux évènements vont changer un peu ma vie de collégien, le premier c’est mon installation dans le pensionnat de garçon dont je parlais un peu avant, et le deuxième c’est la venue du Pape Jean Paul 2 à Reims.
Mon arrivée à Saint Bonnet “ST BO” pour les habitués, m’a marqué pour deux choses, tout d’abord, il n’y avait pas de filles, et ceci allait changer un peu ma vie…
C’est vrai quoi, en 4ème et en 3ème on est dans un âge où ce n’est pas ce qui nous travaille le plus. Vivre entre mecs au moment de l’adolescence c’est pas si mal !
Et la 2ème chose c’est l’accueil que j’ai reçu dans cet établissement.
Ce n’est pas facile de se dire que je vais devoir vivre “seul” loin de mes parents avec des garçons que je n’ai jamais vu. Mais c’était sans compter sur les relations de ma chère Maman qui m’avait dit “essaye de trouver un garçon qui s’appelle Raphaël c’est le fils d’une amie”. À l’époque, autant aborder une fille était un calvaire pour moi, autant aborder un mec, pas de soucis, j’étais déjà bien sociable, je suis donc parti à la recherche de Raphaël (c’était pas trop difficile, il avait son lit en face du mien dans le box de 8 garçons que nous étions dans le dortoir des 4èmes).
Ce mec génial allait me présenter mes futurs meilleurs potes et devenir un véritable ami sur lequel je peux encore compter aujourd’hui.
Quelques souvenirs de cette époque mais j’y reviendrai après vous avoir raconté une des plus grandes épreuves de ma vie : assister à la messe que le Pape JP2 devait donner à Reims. Les parents avaient réussi à nous trouver des places auprès de la troupe scouts qui partait au complet avec l’ensemble du district (nous étions plus de 200 jeunes scouts et guides d’Europe et en rejoignons plus de 2000 à une trentaine de km de Reims).
Arrivée là bas, un grand apéritif au champagne nous attendait avec ces fameux biscuits rose, d’ailleurs je crois bien que ce fût la première cuite de mon petit frère et de bien d’autres jeunes (l’avantage c’est que le champagne ne fait pas mal au crâne) et heureusement car après une magnifique veillée aux flambeaux avec des violons sous les étoiles, la nuit s’annonçait très courte. En effet, nous devions partir à 5h du matin à pied pour rejoindre le lieu de la Messe. Presque un million de jeunes français voulaient assister à la messe papale. Et en tant que boy-scout, les organisateurs n’ont pas trouvés mieux que de nous faire faire 30km à pied. Je vous rappelle qu’à l’époque j’étaie proche des 140 kg et toujours 1m50, je n’avais toujours pas commencé ma puberté.
Comment voulez-vous suivre un groupe de 2 000 jeunes qui marchent a une bonne cadence avec 140kg à porter… Non mais sérieux quand j’y repense, ils étaient vraiment inconscients !! j’en ai encore de la colère, et pour une bonne raison c’est que même si j’ai rencontré un couple formidable qui m’a accompagné jusqu’à la fin, nous sommes arrivés pour la fin de la messe. Autant dire que nous avions tout raté. Et le pire c’est qu’il fallait se refaire 5 km de plus pour rejoindre les bus. j’étais complètement épuisé, mes jambes ne me tenaient plus. j’ai vraiment vécu un enfer ce jour là.
A tel point d’ailleurs que le lendemain j’ai du me faire porter pâle à l’infirmerie de l’école. Je ne pouvais plus mettre un pied devant l’autre.
Rien à voir avec cet évènement mais 1 mois après je devais me faire opérer d’un genouvalgum (20 ans après je ne sais toujours pas ce que c’est) la seule chose dont je me rappelle c’est que le chirurgien allait me poser des agrafes dans les genoux et que nous allions découvrir une faille de plus dans mon système de défense immunitaire :
L’anesthésiste, avait décidé de me faire une anesthésie sous péridurale (la technique utilisée lorsque ces dames vont enfanter), j’avais à peine 13 ans et j’allais endurer la plus grosse douleur jamais ressentie. J’étais assis sur le bord de la table d’opération, deux infirmières devant moi et l’anesthésiste derrière, celui-ci tenait dans sa main un pieu (bon d’accord, juste une aiguille de 15 cm) qu’il devait enfoncer bien droit dans ma colonne vertébrale. Et bien je vous le donne en mille, il n’a pas mis dans le mile… La douleur fut telle que les infirmières hurlaient plus fort que moi car je venais de les pincer presque jusqu’au sang avec mes mains qui étaient posées sur leurs genoux. Il dû recommencer, cette fois-ci avec succès (du moins c’est ce que je pensais) sauf qu’après m’avoir injecté le produit anesthésiant, rien ne changeait vis à vis de mes sensations. Après 5 minutes d’attente il tentait à nouveau de s’approcher avec le scalpel mais je sentais absolument tout ses gestes, ils décident avec le chirurgien de m’injecter une triple dose d’anesthésiant sauf que 10 minutes après toujours rien : je résistait clairement à l’anesthésie. A tel point qu’ils durent finir l’opération sous anesthésie générale. Ce fût la première.
Je sortait alors de l’hôpital équipé de 2 béquilles, et devait me préparer psychologiquement car dans mon internat il n’y avait pas d’ascenseur. Je vous laisse imaginer la galère que c’était de devoir monter les 2 étages pour rejoindre mon dortoir en béquilles avec 140 kg à supporter.
J’allais une fois de plus vivre un cauchemar. Heureusement mes potes étaient là pour me soutenir dans tous les sens du terme.
Cette opération allait m’accorder le premier passe-droit de ma vie : j’allais pouvoir sortir de l’internat le mercredi après-midi pour aller faire de la rééducation en piscine.
Et par là même rendre un peu jaloux mes potes de collèges. Bah oui à la piscine du village il y avait aussi les filles… Il fallait bien quelques compensations…
Du reste de cette année je n’ai que peu de souvenir.
Me voici en 3ème, une année génial au niveau copain et rencontre mais de plus en plus difficile en terme de poids. j’atteins les 160kg, et une épreuve hebdomadaire va se projeter devant moi : le cours de sport qui a lieu le lundi matin à la première heure (on a pas idée de mettre EPS à cette heure-ci) Bref j’avais un prof Monsieur G pour ne pas le citer qui avait dû se donner comme mot d’ordre de me faire maigrir ou du moins de me faire souffrir en m’humiliant car avec le recul je ne vois toujours pas où était le côté pédagogique dans sa façon de faire. Ce monsieur G avait décider qu’Antoine ferait autant de tour de stade (400m) que les autres, soit, effectivement ça ne pouvait pas me faire de mal (à l’époque je n’était pas aussi ouvert d’esprit) en revanche il avait également décidé de me faire monter à la corde… Comment te dire que la moindre traction n’était même pas envisageable, alors monter à la corde… Quel abruti ce prof quand j’y repense… Tu as déjà essayer de faire monter un éléphant à la corde ??? C’est pas très valorisant pour moi je vous l’accorde, mais à l’époque c’était juste l’image que ce monsieur G me renvoyait.
Ce fût également l’époque où mes chevilles ne me tenaient plus, je me rappelle que tous les matins sans exceptions, je devait me masser les 2 chevilles durant plus de 15 minutes pour pouvoir espérer poser le pied au sol. Si je ne faisais pas ce petit rituel, je ne pouvais vraiment pas marcher à tel point que je devais mettre mon réveil plus tôt pour pouvoir descendre au petit déjeuner en même temps que mes camarades. (imaginez 250 bonhommes de 12 à 18 ans qui partent en courant au self pour avoir le meilleur morceau de baguette) c’est bien la seule fois de la journée où je trouvais la force de courir. Sur la fin de l’année n’y arrivant plus j’avais trouvé la parade, je me levait 30 minutes plus tôt, allait assister à la messe du matin ce qui nous permettait d’arriver 5 minutes avant les autres.
Avec le recul, j’avais vraiment un problème avec la bouffe et la peur de manquer…
En revanche sur ce point, je n’ai toujours pas trouvé d’où ça venait à part peut-être le fait d’être privé en permanence depuis que j’avais 3 ans.
Bref cette obsession était telle que j’en arrivais même à me convaincre de faire punir mes frères et moi pour un larcin dans les placards de la maison. Une anecdote dont je ne suis vraiment pas fier : un jour j’ai piqué une tablette de chocolat dans le placard de la maison. Sauf que Maman s’en ai rendu compte, mes frangins n’étant pas les derniers à piquer de la bouffe, elle n’a pas voulu croire tout de suite que c’était moi et m’a donné une chance de me dénoncer. Sauf que pour bouffer j’étais capable d’être un véritable menteur au point d’infliger une punition à mes deux frères. Les parents nous ont pris tous les trois et nous ont demandé de nous dénoncer, sauf que j’avais tellement peur de me faire engueuler voir plus… que nous nous sommes retrouvés enfermés dans le garage sans repas jusqu’à ce que l’on craque. Mes deux frères savaient très bien que c’était moi mais la loyauté entre frère n’a pas de prix, il était donc hors de questions qu’ils me balancent… J’ai fini par craquer et me dénoncer mais la petite plaisanterie a duré 4h dans mes souvenirs.
Le garage de Boistray… on en a fait des bêtises là-dedans… il est d’ailleurs temps de vous parler d’une personne qui vivait à 15m de ce garage, l’amour de ma vie… sauf que cela resterait totalement platonique et unilatéral, nous sommes certes devenus les meilleurs amis du monde mais pour elle j’aurai décroché la lune… (ceux qui me connaissent vous diront que ce n’est pas la seule pour qui j’aurai tout tenté et ils auraient raison mais cette fille restera toujours dans mon cœur avec une “case particulière”)
Comme je l’ai expliqué plus tôt nous vivions dans l’aile d’un château, d’un côté un jardin pour ne pas dire un parc et de l’autre une cour intérieure, et en face une partie avec le garage, des dépendances et dans le prolongement un vieux corps de ferme où vivait ma chère et tendre Joana, avec son grand frère Nathan qui était là de temps en temps, son petit frère Pierrot et Murielle sa maman. 22 ans après nous sommes toujours amis et j’ai toujours autant de plaisir à discuter avec Murielle, Pierrot ou Nathan c’est vous dire comme cette famille a compté pour moi.
Je me souviens même avoir appris à lire à Pierrot qui avait des soucis à l’époque. (il est devenu pilote ambulancier et militaire ce qui me rend plutôt fier aujourd’hui… )
Nous sommes devenu amis très rapidement avec Joana, les liens se renforcent avec le temps. Ils avaient une grosse chienne qui s’appelait Sara, un gros berger allemand qui me terrorisait, mais les années passantes, et mes sentiments grandissant pour Joana faisaient que j’aurai affronter un lion pour rentrer chez elle.
Je me rappelle très bien que le moindre temps libre je le passais avec elle, à refaire le monde, malgré nos éducations très différentes, je voyais en elle la liberté que nous n’avions pas à la maison. Non seulement c’était des heures d’évasion mais j’avais surtout l’impression de vivre une adolescence normale avec “une petite amie” qui n’en était pas une certes, mais pour moi elle m’a offert tout ce dont je rêvais – du temps – même si je ne vous cache pas que j’aurai donné n’importe quoi pour un “je t’aime” ou juste un baiser.
Et pour ne rien arranger, l’année de 3ème se finit par le brevet que j’obtiens mais je devais redoubler pour pouvoir passer en seconde et ne pouvant redoubler à ST BO j’allais revenir à la maison et aller dans le même collège que ma bien-aimée, des ailes me poussaient dans le dos…
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