Puis nous voici un soir devant une nouvelle émission de télévision présentée par un beau gosse du nom de JL Delarue. Une des première émission qui proposait l’intrusion de caméra dans la vie privée des gens. Cette première émission (je ne me rappelle pas le sujet) mais était vraiment très puissante, cela avait secoué tout le monde dans le salon. Et à la fin nous voyons qu’il y a un appel à témoin pour des gens qui aurait un anneau ou qui vont se le faire poser, s’ils sont intéressé pour participer à cette émission, il fallait contacter telle journaliste.
Ma mère me balance du fond du canapé : “tu oseras pas les contacter!”
Dommage, j’ai pas eu le temps de noter le numéro de téléphone de la journaliste. (une certaine Virginie)
Le lendemain cela m’a vraiment travaillé, du coup je demande à mes copains de classe s’ils ont enregistré l’émission “Jour après Jour” de la veille.
Et là non seulement j’entends un “Oui” mais en plus il est prononcé par la plus jolie fille de la classe : Perrine.
Elle allait m’en faire baver celle-ci mais aucun regret encore une fois, si c’était à refaire je referais tout comme ça !
Vous devez être en train de vous dire : “Quel cœur d’artichaut celui-ci il tombe amoureux tout le temps”
Et alors?
Oui bon, je reconnais que j’ai un cœur d’artichaut mais au moins j’en ai un de cœur et je peux vous dire qu’il pète le feu, qu’il est plein d’amour et qu’il en aussi besoin.
De plus je n’oublierai jamais cette phrase de ma chère maman le jour où elle a reçu la médaille de la famille nombreuse, une femme lui demande : “Comment vous pouvez aimez vos 6 enfants de la même manière?” Et Maman de lui répondre : “Madame, l’amour ne se partage pas il se multiplie!”
Pour en revenir à Perrine, grâce à elle j’allais passer un séjour extraordinaire en première et terminale, et si j’ai eu mon bac c’est en partie grâce à elle.
Me voici donc le lendemain soir chez moi avec Perrine et la cassette vidéo avec ce fameux appel à témoin. Je contacte donc la journaliste, Virginie V, qui paraît captivée immédiatement à tel point qu’elle voudrait venir rapidement passer une journée avec moi pour voir si je rentre dans le cadre de l’émission. RDV est donc pris.
Une semaine plus tard, Virginie arrive chez moi avec une petite caméra et m’interviewe durant près de 4h. Plutôt rassurée sur “le sujet” elle me fait bien comprendre que je l’intéresse beaucoup.
Le lendemain après-midi elle me rappelle pour me dire que j’étais “validé”. Il allait donc falloir s’organiser car à partir de janvier, une équipe de télévision allait me suivre durant 6 journées complètes afin de voir ce que je traverse, ce que je vis tout les jours.
Il fallait aussi demander l’autorisation à mon lycée pour venir filmer ma classe, mes potes et mon cadre de vie. J’allais dès ce jour demander à la directrice du lycée qui accueilli la nouvelle avec joie et enthousiasme.
Petite parenthèse d’ailleurs pour remercier toute l’équipe pédagogique du lycée technique Notre Dame de Villefranche sur Saône pour son attention, son sens de la pédagogie, de l’accompagnement et du développement de ses étudiants.
Il me fallait aussi l’autorisation du centre nautique ou j’allais nager avec mon école une fois par semaine pour pouvoir filmer dans leur enceinte. On allait me filmer à la piscine? nu ? et alors? S’il y a bien une chose que j’ai réussi à dompter au fil du temps c’est l’ignorance portée au regard des autres.
“Le wagon de tes injures, roule sur les rails de mon indifférence et arrive en gare de mon mépris…”
Voici je crois la phrase qui m’a servi de devise lors de ces moments difficiles.
Tandis que celle de W Churchill me servait de ligne directrice :
“Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal, seul le courage de continuer compte.”
Cette année 2002 démarrait sous de meilleurs hospices que d’habitude, peut-être se finirait-elle en beauté par mon voyage que j’attendais tant…
Début janvier, premier jour de tournage, les caméras débarquent à 6h30 du matin à la maison, Et bien oui, il faut que les gens me voient galérer dès mon réveil. Non par voyeurisme attention ce n’est pas du tout mon objectif, mais bien de montrer les difficultés d’une personne obèse au long de sa journée. Il me faut alors à l’époque presque 10 minutes ne serait-ce que pour lacer mes chaussures. Gros fumeur à l’époque plus 186 kg ce jour là m’essouffle immédiatement. Puis c’est l’heure du petit déjeuner en famille, vieille tradition familiale qui permet cette unité que nous connaissons toujours 20 ans après. Après m’avoir équipé d’un micro portatif, nous voici en route pour le lycée.
Je sais que Perrine, Julien, Fabienne, Cathy et les autres copains de classe, attendent avec impatience notre arrivée. Il faut que cela reste naturel mais c’est pas toujours évident, surtout dans un lycée. Je deviens vite (pour une fois) la coqueluche de l’école ce qui n’était pas pour me déplaire.
Les caméras sont là mais on les oublies rapidement, ce qui leur permet de me filmer dans ma vie naturelle de tous les jours. Petite pause déjeuner avec les caméramans et Virginie, avant de partir en cours de sport et donc à la piscine.
Je ne me suis jamais caché lorsque j’étais en maillot de bain, je n’ai jamais porté de tee-shirt ou autre accessoire pour cacher mon corps. Je pense l’avoir toujours assumer pleinement, je n’ai pas dit accepter, j’ai dit assumer, ce sont deux choses bien différentes.
“Je n’ai rien fait de mal, pourquoi devrais-je avoir honte de mon corps?”
Je ne vous dit pas que je m’aimais (ce ne serait pas vrai) mais je n’avais pas honte de moi non plus.
Lorsque j’ai vu plus tard les images en direct je reconnais avoir été gêné, mais encore une fois j’assume pleinement.
Ces caméras qui me suivent partout, c’est un peu comme si j’avais gagné au loto à l’époque, je devenait “populaire” et mon cercle d’amis allait vraiment s’agrandir, un peu comme si j’étais sorti de l’ombre. Certaines amitiés étaient plus hypocrites qu’autre chose, mais d’autres se sont renforcées. Notamment Kentia et Sofia, mes deux grandes copines avec qui nous avons fait les 400 coups et même eu notre BAC.
Je me souviens encore de mes 18 ans avec tout mes amis à Boistray, mes potes m’avaient grimés d’une serviette de bébé et mis une tétine de biberon sur la bouteille de champagne.
3 mois avant mes 18 ans, c’était l’anniversaire de mon frère Valentin, j’avais envie de lui organiser une belle surprise et les caméras se sont débrouillées pour être là. J’ai organisé avec l’aide de mes parents une grosse soirée, avec sono, lumière et tout ce qui va bien. C’était l’époque où j’aurai tout donné pour sortir avec ma chère voisine (Joana), j’en avait parlé à Virginie la journaliste qui avait essayé en vain de faire l’entremetteuse. Je ne me rappel pas de tout mais juste d’avoir terminé la soirée en larme une fois de plus.
1 mois plus tard l’équipe de télévision revient et va prendre le temps de nous filmer durant 4h, mes petits frères et sœurs et moi, une véritable séance collective de psychothérapie improvisée. Nous avons vraiment pu nous dire les choses, entendre ce qu’ils pensaient de ma maladie, comment ils la vivaient au quotidien.
Je ne pensait pas qu’ils en souffraient à ce point, mais que pouvais-je y faire? Impuissant encore une fois face à cette maladie!!! Que de colère au fond de moi, et encore plus le jour où dans le reportage ils ont zappé totalement cette partie (pas assez vendeuse à leur goût!) Virginie qui n’avait aucun droit de regard était également écoeuré de voir que pas une seconde n’était ressorti de ce moment si intense.
10 Juin 2002
Coup de téléphone à la maison, Maman me dit c’est le docteur Laville.
Pour recadrer un peu la situation le Professeur Laville me suit pour ma puberté depuis plus de 5 ans, et oui celle-ci ne s’est pas déclenché toute seule, il a donc fallu me faire des injections de Testostérone afin que tout fonctionne correctement. Mais C’est finalement grâce à ce problème que le Pr Laville va lancer des recherches génétiques, travailler de paire avec le Pr Klément et me valoir ce coup de téléphone.
“Bonjour Antoine, comme vous le savez nous faisons des recherches sur vos gènes depuis plus de 3 ans et nous avons enfin trouvé quelque chose, nous savons que vous avez une mutation sur un certain gène. Nous n’en savons pas plus pour le moment, mais les recherches continuent. Cela prendra peut-être 15 ou 20 ans mais nous trouverons une solution! Nous allons devoir faire des analyses sur toute votre famille pour faire des comparaisons et nous aider dans les recherches”
Je ne me rends pas encore bien compte de ce que je viens d’entendre…
“Merci beaucoup Docteur”
“Je reprend contact avec vous pour la suite, Bonne journée”
Je me souviens d’un regard plein d’espoir dans les yeux de mes parents.
Étrangement j’ai perdu 4 kg de culpabilité en 15 jours…
Non ce n’est pas de ta faute ! Oui tu es MALADE!!!
Juste de pouvoir prononcer ces mots… quelle merveille!
Au moins nous aurions une super nouvelle à annoncer aux caméras… Ce qui ne s’est pas fait trop attendre puisque fin juin nous partions avec la famille pour Paris afin d’enregistrer l’émission. Mes amis ont organisé un “blablacar” (ça n’existait pas à l’époque) avec ma professeur Principal pour venir me soutenir.
Je n’étais plus seul, beaucoup de monde était derrière moi à ce moment là. Puis vient le grand jour.
Nous partîmes en TGV avec toute la famille, et en 1° classe s’il vous plaît. Arrivés à Paris une voiture nous attendait pour nous emmener à l’hôtel puis à la Maison de la Radio pour tourner l’émission. J’allais quand même rencontrer Jean-Luc Delarue, à cette époque c’était LA grande star des présentateurs télé. Le seul qui osait faire une émission entière avec une oreillette comme les agents de sécurité (ça m’a marqué, me demandez pas pourquoi…)
Je retrouve Virginie à l’accueil de ce bâtiment aussi grand que mythique, elle nous emmène dans ma loge (en plus j’ai une loge hihihi), et là j’arrive dans un grand couloir avec plein de nom sur les portes, et je vois le mien, pas peu fier…
Puis elle nous emmène prendre un verre et m’explique comment ça va se passer :
Vous allez retrouver les autres personnes qui ont également étaient filmées comme vous dans une pièce où vous pourrez regarder le reportage, puis nous vous ferons venir sur le plateau pour le débat.
Le bar installé là était vraiment joli, en menuiserie travaillé dans le moindre détail, Un bois un peu plus foncé que le TECK, des miroirs tout le fond du comptoir donne un aspect plus grand à cet endroit un peu exigüe. Virginie me demande de la suivre, j’arrive dans un hall avec un immense escalier tournant et descendant, en contrebas beaucoup de monde autour d’un buffet impressionnant. Virginie me demande de la suivre, me présente 4 femmes Christine et Isabelle, deux copines, Valérie qui vient de Lyon et une 4° dont j’ai oublié le nom, pour ma part je suis très intimidé, Virginie me dit de rester dans la pièce, regarde le film et après ils viendront vous chercher.
Et là je découvre à la fois le reportage sur ma vie, mais également celui des ces 4 femmes qui souffrent également d’obésité, pas de maladie, mais d’obésité. Je vais être plutôt dur dans mes propos à venir mais oui pour moi il y a une différence entre les deux. Une obésité morbide selon le terme médical signifie que vous avez un véritable problème de santé, que ce n’est pas uniquement parce que vous bouffez que vous être gros.
Lorsque j’ai vu les quantités que ces femmes avalaient j’ai compris qu’elles n’étaient pas grosses de lécher les murs… Et que j’allais devoir me battre pour montrer aux autres qu’il y a aussi des gens qui se battent contre une maladie. Je voulais vraiment que le regard des gens changent sur leur vision qu’ils ont des gros.
2 réponses
J’ai hâte de pouvoir lire la suite